Un mentor! Et puis quoi encore! Elle était une Hastings, une valeureuse sorcière au sang pure, une prestigieuse étudiante, elle n’avait pas besoin d’un mentor! Un plouc de plus à ses basques qui tenterait de la faire passer pour une crétine. Non merci! Pourtant, force était d’admettre qu’en dépit de ses facultés académiques largement au-dessus de la moyenne, Delilah en arrachait avec les révisions et les examens. Son ‘’petit soucis’’ – lire ici cette stupide manie de se transformer en loup sanguinaire selon les cycles de la lune – avait quelque peu réduites ses performances académiques parce qu’elle prenait un temps considérable à faire la sieste pour combattre la fatigue et s’assurer de garder une beau fraiche et en santé! Des priorités quoi. Elle avait ainsi raté quelques – trop – de cours et voyait difficilement comment elle pourrait rattraper la matière dans les temps. Normalement, ça ne l’aurait pas scandalisée outre mesure, mais elle anticipait la colère de ses parents devant un tel fiasco. Elle avait justifié des études pour repousser des fiançailles bidon, elle était à un échec de finir mariée au cousin Edmund. Quelle horreur! Elle était trop jeune pour commencer l’incubation de jeunes sorciers.

C’est dont résigné qu’elle s’était inscrite, avec la franche envie de rattraper le groupe, n’ayant jusque-là, aucune idée de ce qui l’attendait. Si elle avait couché avec le crétin en charge des goupings? Absolument! Il était hors de question qu’on l’affuble d’un sang mêlé ou pire, d’un né-moldu, elle était prête à y investir quelques soupires simulés. Et puis… quand elle avait su que l’ex de son adorable frère était aux enchères… disons qu’elle s’était arrangée, avec ses meilleurs atouts, pour gagner au change. Au moins, cette partie de jambes en l’air avait eu du bon, parce qu’elle le savait, avant même de prendre place dans un coin de la pièce pour rencontrer sa tuteur : on lui avait offert Stonehenge sur un plateau. Ludo, il lui avait fait jurer de ne pas l’embêter, de ne pas se venger sur elle et de ne surtout jamais lui révéler qu’elle était au courant. La cadette Hastings avait tenu parole, par loyauté pour son frère, mais devant une occasion si parfaite, elle n’allait pas résister!

Ça faisait des années qu’elle se demandait comment cette tarée avait pu taper dans l’œil de son frère adoré, un concept aussi incohérent que blasphématoire. Elle attendit qu’on lui désigné Ana – pour feindre de ne pas savoir. Sa curiosité à fleur de peau, c’est d’un pas assuré – avec un peu trop de roulements de hanches (merci maman pour ton sangs de vélane!) qu’elle se dirigea vers l’heureuse élue, le visage aussi froid qu’à l’habitude, comme si, elle ne savait rien. « Bonjour. » Le dos droit, le visage indéchiffrable, un classique Delilah. N’ayant que peu à faire des formalités, elle se trouvait un peu maladroite à tenter de faire la conversation. Si elle voulait apprendre à connaître cette fille, elle allait devoir y mettre du sien, ce qui, en soi, n’était pas gagné! « On ne se connait pas, moi c’est Delilah. » Et c’est dans un sourire forcé qu’elle offrait, à réprimant sa nausée. « Mais tu peux m’appeler Deli, je risque d’avoir pas mal besoin de tes lumières… » Deli, seuls ses proches l’appelaient Deli. Et elle autorisait cette traite à son sang à en faire de même? Calmos puppy, les lover de Ludo sont tes…. Lovers? Ok.

Forcer un peu le destin, ce n’était pas manquer à sa promesse… si? C’est que Delilah, elle avait mis autant de distance possible entre elle et Stonehenge, par respect pour son frère, par soucis – aussi infime soit-il – de ne pas lui faire payer sa simple existence. Qu’on la pardonne, elle n’était pas formée pour comprendre les sentiments, ce genre de pulsions débiles la révulsait, et elle n’était animée que par le sens du devoir, par l’obéissance à son clan, c’était donc impossible pour elle de saisir la particularité du lien qui avait unis cette fille à son ainé. Tout ce qu’elle savait, avec une férocité qui lui tordait les tripes, c’était que cette Ana avait vraiment fait du mal à Ludo, sa gueule démolie ce soir-là, allongé dans l’herbe, elle la hantait encore, une souffrance qu’elle n’avait ni su comprendre, si soulager…. Leur relation lui avait fait mal – enfin, leur séparation l’avait fait, et faute de pouvoir cibler les effets d’un attachement rompu trop tôt, elle avait fait ce qu’elle faisait le mieux : rejeter le blâme sur celle pour qui elle n’avait aucune affinité : Anastasia. Maintenant qu’elle l’avait devant elle, c’était presque incohérent que Ludo ait pu s’attacher à … ça. Mais elle connaissait son frère, aussi bête soit-il, il avait toujours des réactions plus ou moins justifiables, ça méritait de pousser plus loin l’enquête, ce qu’elle fit en se présentant un peu trop chaleureusement. Quand l’autre lui dit son nom, elle hocha la tête, bienveillante, hurlant mentalement : je connais ton nom idiote! Mais en surface, elle était un sucre. « C’est un plaisir, Ana. » Une vraie cruche, d’offrir un surnom aussi aisément. Sérieusement Ludo… il en pinçait pour les tarés? Heureusement pour la jeune Hastings, sa vis-à-vis ne la connaissait pas suffisamment pour se douteur que le sourire enjôleur – fortement soutenu par son sang de Vélane, était des plus mensongers, faux. « Merci beaucoup. » Comme si elle allait pouvait l’aider, n’importe quoi. Bordel que ça la tuait d’être aussi mielleuse!

Mais si elle voulait enfin satisfaire sa curiosité, elle allait devoir s’armer de patience et tolérer le côté beaucoup trop jovial et chaleureux de la plus vieille. C’était tellement proscrit chez les Hastings qu’elle se sentait presque agressée par autant de bienveillance. Ça lui sortait par les yeux, c’était louche, personne n’était aussi gentil. Bordel elle avait envie de la secouer, de lui mettre une claque, dix, mais elle se retenait, sa curiosité plus forte que tout. Encore une fois, laisser le bénéfice du doute à Ludo… sans compter qu’elle doutait qu’il puisse lui pardonner si elle égorgeait son amante ou dieu seul sait quelle relation ils avaient maintenant, aucune elle l’espérait. Mais quand la plus vieille sous-entendit qu’elle avait peut-être des soucis sociaux, s’en fut trop pour son égo. Une lueur fière illumina ses iris alors qu’elle rétorquait, piquée : « Ma vie sociale et mon adaptation universitaire va très bien, merci. » Son ton était un peu plus sec qu’elle ne l’aurait voulu, du grand Hastings, elle ne tolérait pas qu’on remettre en question son rang, son prestige … déjà que ses notes quelconques la rendaient des plus hargneuses…. Elle secoua la tête, plissant son petit nez, bien consciente qu’elle devait être un peu moins fausse si elle voulait maintenir cet acte, elle soupira. « Trop bien peut-être. J’ai pris du retard dans tous mes cours… » Pas besoin de lui dire que sa vie sociale problématique, c’était hurler à la lune et se transformer en monstre poilu? Si?

Avec Déli, tout était toujours planifié, posé, elle ne pouvait pas parler ouvertement de Ludo, ça serait trop suspecte, mais elle pouvait hausser les épaules, avec un air moqueur en lançant un très vrai et subtile : « Je doute que mes parents soient aussi cléments si je décide de devenir concierge… Alors j’ai intérêt à me rattraper. » Même quand elle vous appréciait, elle avait au moins dix idées sur comment vous faire périr, vous trahir, incapable d’offrir sa confiance à qui que ce soit, alors au minimum, c’était positif qu’elle ait un certain intérêt pour son ainée. Un intérêt un peu trop singulier, peut-être, mais un intérêt quand même. Elle n’avait aucune envie de devenir amie avec cette fille (ou avec qui que ce soit d’ailleurs) mais elle pouvait faire semblant, histoire de lui tirer les vers du nez! « T’as envie qu’on fasse le tour de l’horreur qu’est mon cursus scolaire dans un lieu plus informel ? …  Tous ces gens m’insupportent, je ne suis quand même pas SI bête. » Rien à voir avec la ribambelle de crétins qui ne savaient même pas dans quel cursus ils étudiaient. Elle avait besoin de réviser, par se s’acheter un cerveau! À sa grande surprise, Faust n’était pas parmi la brochette de nigaud, il devait être trop con pour que du rattrapage puisse lui être utile, au fond.